Ce cours propose une intervention du moment décisif dans un cours à priori classique. Voici le texte d'intention.

Politique du temps.

Quand on étudie un peu les pratiques contemporaines en architecture, en musique, en design mais aussi en économie ou en politique sociale, on se retrouve de plus en plus face à des formes qui sont variables, adaptatives et mouvantes. Comment saisir le contour d'une forme déterminée par un ensemble d'algorithmes ou de stratégies reconfigurables ? Sans doute en l'observant ou en en observant un modèle. Cette observation prend un certain temps. Ces formes elles-même évoluent en temps réel, c'est à dire qu'elles déterminent au cours du temps leur rapport au milieu qui nous contient aussi en tant qu'observateur. Notre observation influe donc sur l'évolution de la forme qu'on tente de saisir. A partir de l'étude de modèles et de situations réelles, nous tenterons de voir comment un créateur parvient à jouer esthétiquement dans cet espace glissant et de quelle manière son combat avec le milieu pourrait s'apparenter à une politique de la forme dans le temps.

Le terme politique ici est pris comme espace d'action où sont en présence des objets entre lesquels le pouvoir circule. Un groupe/son meneur/l'opposition, une mécanique/son pilote/la piste, une oeuvre/un public/l'auteur, ces espaces politiques imposent un ensemble de rapports actifs. Ces rapports se constituent au cours du temps, et n'ont plus rien de commun avec un système logique statique.

Nous sommes donc en mouvement , la décision s'opère à un moment donné, mais à une vitesse variable, au beau milieu des contingences du hasard. La décision est celle de l'artiste, mais plus généralement, on peut se demander ce que peut décider un individu pris dans une machine. Si la forme que l'on considère n'est plus simplement un objet dont on peut s'abstraire mais, comme une oeuvre d'art, une situation dans laquelle on est pris, quels degrés de liberté avons-nous ? L'action reste-t-elle encore possible et constitue-t-elle un outil de pensée effectif ?

Il ne s'agira pas de donner une vision purement théorique de cette question mais plutôt de pousser une réflexion concrète autour d'oeuvres, d'éléments d'actualité, de textes et de propositions afin de sentir la durée comme un territoire et de parvenir à en dresser une cartographie politique.

Pour ce faire, nous passerons en revue des oeuvres d'artistes programmeurs impliquant ou non le public, des modes de production sonores et/ou musicaux, des éléments d'analyse du monde contemporain (actualité scientifique, économique ou jeux de pouvoirs) et des textes qui traitent de ces questions, ou mettent en pratique une telle dynamique temporelle.

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